Au cœur de l’exposition « Paris noir », l’artiste guadeloupéen Shuck One signe une fresque monumentale dédiée aux figures afro-caribéennes qui ont façonné Paris. Son œuvre s’inscrit dans une traversée historique et vibrante de la scène artistique noire, révélant l’influence majeure de ces artistes sur les scènes politiques, littéraires et artistiques. Rencontre avec celui qui a marqué l’histoire du graffiti en France par ses interventions audacieuses dans l’espace urbain – et souterrain.
Attention, ne marche pas sur Aimé Césaire ! » met en garde l’artiste guadeloupéen Shuck One, sur un ton bienveillant. L’homme est jovial, mais direct – ses chaussures maculées d’éclaboussures colorées sont à l’image de l’activité qui règne là : quelques étudiant·es en arts plastiques le secondent et suivent soigneusement ses consignes. Contre un mur, des dizaines de pots de peinture, soigneusement empilés, forment comme un grand nuancier. Plus loin un imposant escabeau et un échafaudage, tous deux montés sur roulettes, témoignent de la mesure du projet. Point central d’un savant bric-à-brac, une table rectangulaire sert de repère ; tout y est soigneusement agencé, au cordeau, contrastant avec l’effervescence du montage. Au sol, enfin, des dizaines de dessins, en noir et blanc : on y retrouve tous les grands noms, des indépendances aux luttes panafricaines et antiracistes.
« Un projet très fort », selon son auteur ; il retrace la mémoire de 1914 à 1990, convoquant quarante-et-une figures afro-caribéennes, oubliées pour certaines, invisibilisées pour la plupart. Des artistes, des écrivain·es, des penseur·euses, des militant·es, toutes et tous ont en commun d’être noir·es et d’avoir contribué à faire Paris. « Je voulais mettre en valeur certains personnages que je connaissais, d'autres que j'ai découverts par l’histoire de France – des Afro-caribéens qui ont donné leur vie pour Paris, pour le Paris culturel, pour le Paris littéraire, pour le Paris artistique, pour la ville en elle-même. »
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